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Découvrir la littérature canadienne

(26/02/23)

Petit Salon de lecture du 07 février 2023

 Chèr(e)s ami(e)s du Petit salon,

Un grand merci pour vos retours qui ont contribué à la rédaction de ce compte-rendu dont voici ci-dessous les grandes lignes. 

Actualité littéraire  (Catherine H.)

Le prix Médicis 2022 a été attribué à Emmanuelle Bayamack-Tam pour La 13ème heure. L'auteur, ne en 1966, a été récompensé en 2019 par le prix du livre inter pour Arcadie.

Le 8ème livre (et dernier affirme-t-il) de la saga Malaussene dont l'auteur est Daniel Pennac vient de paraître. Lorsque Gallimard publie enfin Pennac dans la prestigieuse collection blanche, il dit à l'auteur "Mais vous avez conscience que vous êtes complètement cinglé". Les lecteurs penseront plutôt "follement imaginatif".

 Nos lectures

Marité 

« L’Enigme du retour » de Dany Lafferrière, né en Haïti, qu’il a fui à 22 ans à cause du régime de terreur de Duvalier (les tontons macoutes) et après l’assassinat d’un de ses amis proches pour s’installer à Montréal au Canada. Vit actuellement entre la France (il est académicien) et le Canada.

Ce livre est le récit de son retour en Haïti, à la suite du décès de son père, qu’il veut annoncer lui-même à sa mère. Un voyage géographique (par le nord du Canada et le froid d’abord), temporel (ses souvenirs d’enfance, des images qui se superposent) et stylistique (le récit, coupé de sortes de quatrains, de strophes courtes sans verbe, comme des haïkus).

« Les cahiers du retour au pays natal » d’Aimé Césaire toujours à la main, des images, des sensations, sa vie intérieure surgissent en lui, quelque soit l’endroit où il se trouve. Avec la conscience d’une vie forte même si dangereuse, d’une sensualité puissante, d’un lien fondamental. Le livre d’un poète, profondément lié à sa mère et à sa terre.

« Les Cahiers » de Césaire, intéressants à lire à la suite : de la poésie pure, à laisser couler, avec peu à peu le surgissement d’un cri très ancien sur la condition du peuple martiniquais, asservi, pauvre mais puissamment vivant lui aussi. La postface d’André Breton est magnifique et éclairante. Un texte écrit à Paris, étudiant à Normale Sup, avant son retour.

« Les Fous de Bassan » de Anne HEBERT (prix Médicis 1982).

Peut-être parce qu’elle a vécu pendant 40 ans en France (de 35 à 75 ans) avant de repartir au Canada où elle décède à 83 ans en 2000…

Poète et féministe, elle est une voix essentielle de la littérature québécoise canadienne.

Ce livre est une sorte de policier (j’ai pensé à Bondrée) où l’on cherche à savoir ce qui s’est passé et qui est impliqué dans la disparition de 2 jeunes filles.

L’auteur donne la parole à 6 ou 8 personnages proches des jeunes filles : le pasteur, les voisines, un « idiot » (autiste ?), un jeune de retour au village etc. Une manière pas habituelle de mener une enquête, au plus près de la vie de chaque personnage où le lecteur est comme associé à la recherche de la vérité… Et une très belle écriture.

Patricia

Bondrée d’Andrée A. Michaud

Andrée A. Michaud est une romancière née en 1957 en Estrie, Québec. Elle est l’auteur de plusieurs romans policiers. Pour deux d’entre eux elle remporte le prix du Gouverneur Général : en 2001 pour « Le ravissement » et en 2015 pour « Bondrée ».

En 2017, Michel Tremblay (La grosse femme d’à côté est enceinte) qualifie ce roman de « Proust policier ». Elle se dit inspirée par son environnement : Elle dit : « La nature, la forêt est un sujet inépuisable. J’essaie d’y revisiter mes peurs irrationnelles de l’enfance : le noir, les loups-garous etc. J’aime l’atmosphère trouble qui laisse supposer que tout peut se produire et qui oblige le lecteur à entrer dans une semi-pénombre ».

Avec Bondrée, on est servi ! C’est l’histoire d’un lac et des estivants qui l’entourent.

On est en 1967, au bord du lac frontalier avec les Etats-Unis, Boundary Pond. Chaque été des familles américaines et québécoises s’y retrouvent. Et cet été là, il se passe des choses terribles dans la forêt…

Ce roman est d’une construction très particulière. Il n’y a aucun dialogue. Le roman alterne entre un narrateur omniscient et la narration pleine de fraîcheur, de candeur aussi, d’une jeune fille, Andrée Duchamp.

On plonge dans la psychologie des personnages et on est envahis par les pensées et les réflexions des résidents, des victimes et de l’assassin.

L’auteure nous donne l’impression d’habiter au bord du lac, de vivre au quotidien l’émoi de ses riverains tout en assistant au développement progressif de l’enquête policière.

 J’ai trouvé une écriture nuancée et subtile dans cet ouvrage. On est enveloppé par une douce torpeur des sous-bois, l’eau fraîche sur la plage, l’odeur de la viande qui grésille sur les BBQ tout cela sur fond d’une paranoïa qui s’installe chez les estivants.

Beaucoup d’expressions nous étonnent ainsi que le mélange des deux langues, française et américaine. Quelques exemples : « Frencher », embrasser à la française – « Tu te fermes la trappe », tu te tais – mais aussi « les pichous », les bottes.

Paul

Taqawan d’Eric Plamondon

Roman qui emprunte à plusieurs genres : documentaire historique, roman policier, légendes indiennes. Il est construit à partir d'un fait historique à savoir le débarquement de 300 policiers de la sûreté du Québec le 11 juin1981 dans la réserve indienne de Rastigouche en Gaspésie pour confisquer les filets de pêche des indiens Mic Mac sous le prétexte qu'ils pêchaient trop de saumons. Tout cela provoqua une révolte des indiens, une répression policière et une crise politique au Canada.                                                                                                                

 La construction du livre est très originale alternant des chapitres courts avec d'autres beaucoup plus longs, mêlant une histoire assez haletante avec des chapitres consacrés à la vie des saumons et aux légendes et traditions indiennes.

Catherine

Dans le silence du vent de Louise Erdrich

Louise Erdrich est née dans le Dakota en 1954, d'un père germano américain et d'une mère Ojibura, donc indienne.

Le livre paru en 1993 conte principalement l'histoire de Joe, adolescent indien de 13 ans,, qui va mener une longue enquête pour retrouver l'homme qui a viole sa mère.

C'est un roman dense foisonnant, peut-être un peu long, il a été récompense par le National Book Award.

Nicole

"Ecole pour filles" d’Ariane Lessard

Québécoise née en 1990. Poète, romancière, bloggeuse. C'est son 2ème roman.

Il s'agit d’un pensionnat pour filles, en pleine forêt, où les élèves vivent avec leurs professeurs. Elles ne sortent presque jamais.

C'est donc un univers matriarcal et un espace clos. Le seul contact extérieur est avec la nature qui entoure le pensionnat, au fil des saisons.

Le livre est fait des pensées de ces jeunes filles qui se répondent sous la forme chorale.

Pensées tourmentées pour la plupart qui correspondent au passage de l'adolescence à l'âge adulte.

Pour moi, le grand intérêt du livre est dans sa construction et le mode d’expression, tout à fait originaux.

Annette

Nature morte et sous la glace de Louise Penny

Louise Penny écrit des romans policiers qui ont beaucoup de succès. Elle a 64 ans et vit au Québec. Elle est surtout célèbre pour la série qui met en scène l’inspecteur Armand Lagache, chef du service des homicides de la sureté du Québec ; les romans se déroulent dans un village imaginaire (threepines)des cantons de l’Est, au sud du Québec.

Son style peut s’apparenter aux romans d’Agatha Christie, ou encore Simenon pour les enquêtes de Maigret, les personnages sont stéréotypés, les enquêtes se passent à la campagne, maisons douillettes et confortables, voisinage agréable, on avance dans le jeu des suspects, des fausses pistes, mais cela n’a rien à voir avec le monde réel.

Dans nature morte, il s’agit du meurtre de Jane Neal, une vieille dame aimée de tous qui fait de la peinture, qui était institutrice. C’est l’automne, on a un petit bistro charmant tenu par un couple gay, les bons petits plats, la cheminée, les promenades, une librairie, il fait froid, il neige. Bref, c’est toute une atmosphère, un rythme lent et paisible. Ce livre a été adapté au cinéma

Personnellement, je goûte ce type de littérature apaisante, Louis Penny, c’est plutôt à lire l’hiver, pelotonnée dans une couverture, avec un bon feu de cheminée…

Divers

SVP pourriez vous envisager le thème de la réunion du mardi 21 mars de 14h/16h en salle jaune. A vous de décider si il faut la maintenir ou non selon le nombre de participants.

Rendez-vous le mardi 7 mars, Paul animera la réunion.

Bien amicalement,          Paul et Sylvie 

P.J. via Annette : « Les gens de mon pays » de Gilles Vigneault

 N.B. : Patricia et Annette se sont proposées pour l’apéritif