D’abord, il y a le vent frais qui pique les joues, qui rafraichit les yeux, le sac bien juché sur les épaules, les bâtons arrimés au sac. Tu montes dans le bus et les gens regardent le sac, tes chaussures, ils savent que tu ne vas pas travailler.
A l’arrivée dans la gare, tu guettes les copains, si tu es en avances, tu traines près des journaux, du café. C’est comme une promesse, à chaque fois, le plaisir de retrouver les autres, la surprise (ça fait longtemps…) Il y a celle qui rit toujours, celle qui se tait, celui- là a mal aux genoux, ceux qui débarquent au dernier moment. On se reconnait, on se regroupe, on monte dans le train. Et c’est déjà un voyage, parfois une heure dans le train, on va loin.
Bientôt on voit des arbres, des champs, des rivières. On sait qu’on va à la campagne. Mais cette heure, elle est douce, elle est précieuse. On sait qu’on a une heure pour dire tout ou rien, ce qui nous préoccupe ou ce qui nous réjouit. On commente ce qu’on a entendu à la radio en se préparant. Guillaume Erner fait partie de nos favoris. La guerre en Ukraine, on la partage, on croise nos peurs et nos espoirs, et c’est déjà l’aventure, avant la marche
. On regarde des cartes, des applications. Il y ceux qui savent expliquer aux autres, ceux qui essaient de comprendre.
Le retour, c’est un peu différent, on est fourbus après le soleil, la pluie, les nuages, la lumière, le froid, parfois. C’est notre corps qui parle ; Dans le train, certains s’assoupissent, d’autres continuent les conversations.
C’est le moment où l’on montre les photos des petits enfants, les photos prises en chemin. On passe en revue les bouquins, le cinéma, les expos. On parle de ce qui nous fait mal, de ce qui nous fait du bien.
Déjà, il faut se quitter, mais on sait qu’on recommence la semaine prochaine, que cette parenthèse délicieuse va continuer. C’est une petite lueur de joie renouvelée
Annette