Retour sur nos activités

La Commune de Paris dans le 13ème arrondissement : une promenade d'Anne-Marie

(21/11/21)

Une promenade sur le thème de la Commune dans le 13e a été organisée par Générations13

La « Commune de Paris » dont nous avons célébré le 150e anniversaire au printemps dernier, n’a duré que 2 mois : du 18 mars 1871 au 28 mai 1871. Le 13e arrondissement a participé activement à l’évènement en envoyant le 26 mars 4 élus au Conseil de la Commune : Jean Baptiste Chardon, Emile Duval, Léo Fränkel et Léo Meilliet. Les noms de ces élus sont gravés sur une plaque en haut de l’escalier d’honneur de la Mairie et le nom de Léo Fränkel a été donné à une rue dans les nouveaux quartiers autour de la bibliothèque François Mitterrand.

L’Assemblée Nationale ultraréactionnaire élue le 8 février se réfugie à Versailles et nomme Adolphe Thiers chef du gouvernement. Le 21 mai les troupes régulières (les Versaillais) entrent dans Paris par l’Ouest : la « semaine sanglante » commence, semaine auquel le 13e va payer un lourd tribu.

Les combats se sont surtout déroulés sur la Butte aux Cailles, notamment le 25 mai. Le général communard Walery Wroblewski, commandant des fortifications entre Ivry et Arcueil, fait rapatrier les canons des forts du sud parisien pour défendre ce dernier bastion communard de la rive gauche. La Butte est un quartier de ruelles et de petits chemins formant un labyrinthe très difficile à conquérir. En dépit d’une résistance héroïque, la position devient intenable. La butte est bombardée sans relâche par les batteries du Panthéon, de Montmartre, du Trocadéro et des forts d’Issy et de Montrouge.

Wrobleski et ses troupes se replient sur le 12e en passant par le Boulevard de l’Hôpital et le pont d’Austerlitz. (Photo 1)

La librairie « Les amis de la commune de Paris », 46 rue des Cinq Diamants perpétue le souvenir à la fois utopique et sanglant de cette période de l’histoire. 

Walery Wroblewski né le 27 décembre 1836, d’une famille de la petite noblesse polonaise. Il n’était pas militaire, il avait fait ses études à l’Institut des eaux et Forêts de Saint Pétersbourg. Pour avoir pris part à l’insurrection polonaise de 1863 (la Pologne était alors annexée à l’Empire russe) il doit s’exiler à Paris où il militera au Comité de l’Union des démocrates polonais. Après le soulèvement du 18 mars, le Conseil de la Commune le nomme commandant des fortifications entre Ivry et Arcueil.

Après avoir défendu en vain la Butte aux Cailles, il se bat dans le quartier de la Bastille.

Il réussira à s’enfuir à Londres. Revenu en France après l’amnistie de 1880, il y vit difficilement. Il est enterré dans le cimetière du Père Lachaise en face du Mur des Fédérés.

Autre figure remarquable du 13ème : Victoire Tynaire (Photo 2)

Née en 1831 à Issoire, c’est une institutrice, militante de l’Internationale qui, au moment de la commune, vit avec son mari et ses enfants au 4 rue Abel Hovelacque. Pendant la commune, elle est nommée à l’Inspection générale des livres pour les écoles de jeunes filles. En tant qu’inspectrice des écoles, elle s’attachera particulièrement à la laïcisation de celles-ci et chassera les religieuses des établissements scolaires. Son mari sera fusillé pendant la commune. Victoire réussira à fuir en Suisse avec ses enfants. Ils rentreront à Paris après l’amnistie de 1880. Elle redevient institutrice et cosigne en 1882 deux livres avec Louise Michel : La Misère et Les Méprisées. Parallèlement, elle écrit aussi des livres pour enfants.

En 1886, devenue surveillante générale des écoles de l’Assistance Publique, elle entreprend de les laïciser. Elle décède en 1895.

A la fin de la semaine sanglante, l’espoir d’une vie meilleure s’envole pour le peuple parisien.

La répression :

Comme ailleurs dans Paris, dans le 13e, les maisons d’où sont partis des coups de feu sont fouillées et hommes, femmes, enfants ou vieillards qui les occupaient sont fusillés. Les défenseurs de plusieurs barricades furent systématiquement fusillés, tels ceux de la barricade de la rue Baudricourt. Les historiens s’accordent aujourd’hui sur 25 000 à 30 000 exécutions sommaires.

Jusqu’en 1880, année de l’amnistie, les Communards seront pourchassés sans répit, condamnés à mort, aux travaux forcés ou à la déportation. Du programme de réformes de la commune, il ne restait rien.

Il faudra attendre que la République soit enfin dirigée par de vrais Républicains une décennie plus tard pour que certaines des mesures de la Commune, comme l’école publique, laïque, gratuite et obligatoire, chère à Victoire Tinayre, soient adoptées.

Les Parisiens seront punis pendant plus d’un siècle de ces velléités d’indépendance : jusqu’en 1976, il n’existera pas de Maire de Paris !

Crédits :

Texte : n° 68, juin 2011, de « Histoire et Histoire du 13e » aux Editions Depeyrot.
Documents sur Walery Wroblowski et Victoire Tinayre : Wikipédia.
Le tableau : Maximilien Luce (1856 1941) : « Une rue de Paris en mai 1871 » Musée d’Orsay. (Photo 3)

Cliquez sur les photos pour les agrandir.

En complément... Pour écouter la chanson de Serge Utge Royo "Sur la Commune", cliquez ICI.

content
Walery Wroblewski
content
Victoire Tynaire
content
Une Rue De Paris En 1871 Maximilien Luce (1856 1941) Musée D'orsay